lundi 9 septembre 2013

Namassa Dioubaté - Ni Mandi (Tchekchouka/L'autre Distribution)


Namassa Dioubaté - Ni Mandi (Tchekchouka/L'autre Distribution)

Nous avons tous à l'esprit LA référence musicale guinéenne qui interprétait à la fin des années 80 son Yéké Yéké incontournable. Mory Kanté a ouvert la voie aux griottes et griots de la Guinée qui depuis ne cessent d'alimenter la section world music de ces sonorités si reconnaissables mêlant culture mandingue et groove afro-beat. Le concept de Sono Mondiale que radio Nova a largement participé à diffuser dans l'hexagone a accru le rayonnement d'une Afrique magique et plurielle. Namassa Dioubate, grande diva native de Guinée Conakry, propose ainsi à son fidèle auditoire français un troisième opus intitulé Ni Mandi, que le chanteur malien Salif Keita parraine. On y entend les fameux riffs des guitares électriques mandingues véloces et incisifs et évidemment la Kora, instrument de prédilection de tout compteur ouest africain. La solide assise rythmique arrangée par son mari le guitariste Moriké Kouyaté permet à la chanteuse d'imposer sa voix chaude, puissante et racée qui interpelle et emporte un public conquis par des mélodies traditionnelles ensoleillés. Sa formation composée de 11 musiciens annonce à coup sûr une performance live énergique et inoubliable.

Susana Baca - Afrodiaspora (Luaka Bop/Pias)


Susana Baca - Afrodiaspora (Luaka Bop/Pias)

La légendaire Miriam Makeba nous a quitté il y a peu, mais l'âme africaine ne s'est pas tue pour autant. À travers le monde, l'Afrique résonne et ses rythmes ancestraux assènent encore et toujours ses coups percussifs contre une discrimination persistante. La diva noire péruvienne,  Susana Baca, chante l'histoire méconnue des Africains amenés comme esclaves au Pérou en mariant habilement la musique traditionnelle afro péruvienne, agrémentés d'accents latinos américains et caribéens, à une instrumentation moderne et exigeante. De sa douce voix aérienne elle nous offre un Afrodiaspora inspiré et émouvant où les rythmes portoricains rencontrent la cumbia colombienne, et les percussions vénézuéliennes la salsa cubaine. Susana salue aussi une Nouvelle Orléans en convalescence avec sa sublime interprétation d'un titre funk des Meters "Hey Pocky Way", réarrangé avec goût et efficacité. Empli de chaleur latine et de percussions africaines, Afrodiaspora annonce un été caliente !

Téofilo Chantre - MeStissage (Lusafrica/Sony Music)


Téofilo Chantre - MeStissage (Lusafrica/Sony Music)

Remarqué par Miss Perfumado, Téolfilo Chantre est la deuxième voix du Cap-Vert. Auteur-compositeur apprécié de Césaria Evora et attitré du réalisateur Emir Kusturica, il poursuit en parallèle une carrière solo depuis une dizaine d'années. MeStissage est son sixième album studio, on peut y écouter ce mélange si savoureux et savamment dosé de rythmes traditionnels capverdiens (coladeras, mornas, ...), de jazz créole, de charanga cubaine et de bossa nova qui habitent les bords magiques de ce sud atlantique. Interprétés d'une voix de velours tantôt en français tantôt en "crioulo" capverdien, les 13 titres ouatés de cet album sublîme racontent ici une séparation, un exil douloureux et là pleurent les laissés pour compte mis au rang d'une société de consommation aliénante... Baignant depuis son adolescence dans ce sentiment si complexe qu'est la saudade, Téofilo parvient pourtant à noyer cette inguérissable nostalgie du pays natal en chantant ses douces complaintes chaloupées aux arrangements si sophistiqués et moelleux. À noter la touchante participation de Bernard Lavilliers dans un Oli'Me Ma Bô émouvant et vibrant. MeStissage est d'une beauté rare!

Hugo Kant – Leave me Alone


Hugo Kant – Leave me Alone




Multi-instrumentiste marseillais, le très discret producteur Hugo Kant présente son nouvel EP intitulé « Leave me Alone ». Beatmaker génial et musicien inspiré, Quentin LeRoux nous propose deux titres savamment orchestrés où se télescopent ambiances hip-hop, trip-hop, electro et dub, le tout agrémenté de samples bien placés, d’orgues psychédéliques, de flûte traversières enivrantes et de beats bien gras groovant à souhait. Hugo Kant rejoint les valeurs sûres du genre tels que Blundetto ou les Jazz Liberatorz et voit même ses deux nouveaux "In The Woods" et Leave Me Alone", être remixés par les immenses Herbaliser et Chinese Man. À suivre…

Mulatu Astatké – Sketches Of Ethiopia (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Mulatu Astatké – Sketches Of Ethiopia (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Légende vivante de l’éthiojazz, le percussionniste, vibraphoniste et chef d’orchestre éthiopien Mulatu Astatké publie son nouvel opus intitulé « Sketches Of Ethiopia ». Véritable monstre sacré dans le paysage du jazz pluriel, ce jeune homme de presque 70 ans poursuit son voyage initiatique à travers l’Afrique, l’occident et l’Amérique latine, nous faisant partager sa vision singulière de la musique mêlant les traditions séculaires aux rythmes modernes empruntés au jazz, à l’afro beat et aux sonorités afro-cubaines. Voulant montrer la diversité et la richesse musicale de son pays natal, l’artiste entouré de son Step Ahead Band, ébauche un portrait de l’Ethiopie où se croisent et s’accordent les héritages de Fela Kuti, de Duke Ellington, de la tradition mandingue, des Gamo (au sud de l’Ethiopie), du groove afro-américain, de la musique classique… A noter quelques invités de marque comme la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, le chanteur éthiopien Tesfayé, la kora virtuose de Kandia Kora et même le violoncelle classique d’Eric Longsworth.

Thomas Dybdahl – What’sLeft Is Forever (Strange Cargo/Virgin Records)


Thomas Dybdahl – What’sLeft Is Forever (Strange Cargo/Virgin Records)

Le norvégien à la voix de velours publie un nouvel opus folk intitulé « What’sLeft Is Forever ». Se situant entre la douceur angevine d’un Jeff Buckley et la sensibilité d’un Gainsbourg écorché, Thomas Dybdahl bouleverse son petit monde qui ne cesse de recueillir des adeptes enthousiasmés et conquis (le designer Philippe Starck est un fan de la première heure)! Enregistré entre Los Angeles et son pays natal avec la collaboration du producteur et bassiste Larry Klein (Joni Mitchell, Madeleine Peyroux…) ainsi que des musiciens repérés auprès de Bjork, de Bob Dylan ou des Rolling Stones, ce sixième disque est captivant, intimiste et troublant ! Il alterne les sonorités acoustiques mélancoliques et les instrumentations plus colorées et pop. Finesse et raffinement des arrangements, richesse des timbres et des ambiances, « What’sLeft Is Forever » semble être l’album s’approchant le plus de la personnalité complexe du compositeur scandinave, une dualité dévoilée par les deux premiers singles : « Man On A Wire » et son côté up-tempo presque dansant et pop/rock, puis « But WeDid » plus sombre et plus froid… L’artiste s’amuse à brouiller les pistes passant de la soul d’un « This Love Is Here To Stay » interprété à la manière d’Al Green aux accentsjazzy du très touchant « I Never Knew That What I Didn’t Know CouldKill Me »
 
 

Nancy Vieira - No Ama (Lusafrica)


Nancy Vieira -  No Ama (Lusafrica)

Nancy Vieira est sans doute l’une des plus belle voix du Cap-Vert, jeune chanteuse issue d’une famille aisée, elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge, bercée au son des accords de guitare de son père qui, outre sa carrière dans la politique et la marine marchande, accompagna autrefois la regrettée diva aux pieds nus Césaria Evora. Débutant sa carrière musicale en 1996 avec la parution de son premier opus Nos Raça, la chanteuse originaire des îles de Santiago et Sao Vicente, publie aujourd’hui son quatrième disque intitulé No Ama. Encensée par la critique pour la qualité et la beauté de sa voix limpide et parfaitement maîtrisée, Nancy chante la Morna (style apparu au milieu du XIX° siècle à Boa Vista), cette musique si délicate et chaloupée que Césaria a largement contribué à diffuser au niveau international avec notamment le fameux titre Sodade. On y retrouve les ingrédients qui font tout le charme de cette Bossa Nova cap-verdienne, le cavaquinho, la guitare portugaise, les percussions, le piano et la flûte, dirigés par Nando Andrade qui suivit jadis sur scène comme au studio Miss Perfumado. Le Brésil s’invite évidement au détour d’un hommage qui lui est rendu, Brasil (Nos Sohno Azul), ainsi qu’ailleurs où les influences de Maria Bethania, Caetano Veloso ou même Tom Jobim sont perceptibles. Le fado fait aussi partie de ses références culturelles lusophones est apparaît ça et là, avec ce ton grave qui caractérise tant la complainte portugaise. Nancy a choisi ses textes parmi le répertoire classique (B. Leza et Amandio Cabral) mais en a aussi puisé parmi ceux de la nouvelle garde d’auteurs, dont certains noms sont déjà bien connus, comme Teofilo Chantre ou encore Tutin d’Griralda. La poésie d’Eugenio Tavares trouve aussi sa place parmi les 12 perles créoles qui composent ce petit bijou. On n’y retrouve pas le pathos et le grain d’une Césaria mais la clareté de ce timbre enchanteur est au combien envoutant et séduisant… Un véritable plaisir d’écoute !