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dimanche 4 avril 2021

João Selva - Navegar (Underdog Records)

 João Selva - Navegar (Underdog Records)


Le musicien carioca Joâo Selva nous présente via Underdog Records son second opus baptisé Navegar. Installé à Lyon depuis une dizaine d’années, ce natif d'Ipanema livre un album gorgé de sonorités pop aux colorations tropicalistes, un recueil de 8 titres ensoleillés animés par un groove fédérateur, sensuel et dansant. Parcouru de lignes de basse assassines, de cocottes aux effets wah wah et d'accords de rhodes hypnotiques aux saveurs vintage, Navegar semble surgir du Rio des années 70, époque où la MPB était largement empreinte de black music nord-américaine et où triomphait l’incontournable Tim Maia, considéré comme le père de la soul brésilienne.

Au delà des ambiances funk (“Devagar”) et hip-hop (“Cadê Você”) héritées du Barry White brésiliencréolité et rythmes traditionnels afro-brésiliens sont également mis à l’honneur ici. Ils s'expriment ça et là, au détour de compositions largement métissées. “Navegar”, le single de l’album au titre éponyme en est d’ailleurs un bel exemple, lui qui revisite avec brio l'afoxé, ce folklore nordestin emblématique de Bahia.

Rien d'étonnant de voir qu’aux manettes de ce petit objet musical aux vibrations latines positives et festives, œuvre l'alchimiste français Patchworks, producteur pouvant se targuer de remplir un CV assez impressionnant (Da Break, Kumbia Boruka, John Milk...). 

On notera aussi la présence de la pétillante Flavia Coelho dans le très old schoolMeu Mano”, tube en puissance à la chaleur cuivrée qui nous fait songer à Sandra de Sá, du temps sa meilleure période au début des années 80...





jeudi 21 février 2019

Chrystelle Alour - Traversée (Jazz Family/Socadisc)

Chrystelle Alour - Traversée (Jazz Family/Socadisc)

Après la saxophoniste Sophie et son petit frère le trompettiste Julien Alour, c'est au tour de la grande sœur Chrystelle de faire le grand saut et de se livrer dans un splendide premier opus jazz baptisé Traversée. Baignant dans la musique depuis son plus jeune âge, elle s'en détournera un temps pour finalement y revenir, sur le tard mais avec une sensibilité et une justesse renversante. La chanteuse et pianiste, également auteure et compositrice, nous offre un recueil de 9 chansons touchantes empreintes notamment de rythmes brésiliens, dont 7 titres originaux et 2 reprises d'icônes absolues de la MPB, le sublime "O Leãonzinho" de l'immense Caetano Veloso et le vibrant "Rota Do Individuo (Ferrugem)" de Djavan. Interprétant avec une fraîcheur déconcertante, des textes écrits en français et en portugais, Chrystelle déploie une voix généreuse, gorgée de chaleur et chargée d'émotion. Elle s'exprime avec autant d'aisance, de tendresse et de sensualité sur la bouleversante "Dans L'Eau Vive" - ballade mélancolique qui nous fait étrangement songer à Romy Schneider dans "la Chanson d'Hélène" (Les Choses de la vie) ou Anne Germain dans "Amour, amour" (Peau d'Âne) - que sur des airs de bossa "Un Dernier Rêve" ou de samba "Florabaila". Son quintet d'exception, composé du guitariste Sandro Zerafa, du saxophoniste ténor David Prez, du batteur Manu Franchi et du contrebassiste Simon Tailleu, semble être le support idéal pour la porter dans son projet, qui malgré ses sonorités radieuses et ses mélodies ensoleillées dissimule une part d'ombre, quelques notes de tristesse et de nostalgie. A noter la présence de Sophie et Julien en guests... Le jazz est aussi une histoire de famille!


mercredi 13 février 2019

Alba Neiva - Hogar (Autoproduction)

Alba Neiva - Hogar (Autoproduction)

Le jeune quintet parisien Alba Neiva publiait fin 2018 son premier opus autoproduit baptisé Hogar (foyer en espagnol), un album aux sonorités latin jazz somptueux et raffiné, nourri de flamenco, de milonga argentin, de son cubain et de musique brésilienne. Portées par la voix sensuelle de la diva Lucile Chriqui et le souffle ensorceleur du saxophoniste Maxime Berton, les compositions inspirées et les reprises sophistiquées du guitariste Nils Frechilla envoûtent l'auditoire dès leurs premières mesures, entremêlant avec brio, maîtrise et poésie, des influences métisses qui réchauffent les cœurs. Dotée d'une section rythmique virtuose, discrète et complice, composée du batteur Arthur Alard (Titi Robin, Baptiste Herbin) et du contrebassiste Zacharie Abraham (Archie Shepp, Naïssam Jalal), la charmante formation nous livre un répertoire où mélancolie, tendresse, douceur et chaleur s'accordent dans des mélodies solaires délicieuses et familières.
Une mention spéciale est décernée à "Danse de le Solitude", sublime interprétation en français de l'immense "Dança Da Solidão" que la prêtresse carioca de la MPB, Marisa Monte, nous offrait en 1994 dans son disque mythique Verde, Anil, Amarelo, Cor-de-Rosa e Carvão.

lundi 13 août 2018

Carolina Lins & Os Planetos - I Predict a Riot (Single) (Tru Thoughts)

Carolina Lins & Os Planetos - I Predict a Riot (Single) (Tru Thoughts)

Revisitant le brûlant "I Predict a Riot" que la formation rock britannique Kaiser Chiefs dévoilait en 2004 dans son premier album baptisé EmploymentCarolina Lins & Os Planetos (formé par la chanteuse brésilienne Caru Lins et le duo de compositeurs Simon Elms/Colin Smith) accouche d'une adaptation aux saveurs MPB (musica popular brasileira) absolument virale, affichant des sonorités 70's accrocheuses et fédératrices. La voix énergique, pop et sensuelle de la diva, qui interprète habituellement des standards de jazz et de bossa nova, est accompagnée par une orchestration somptueuse, dominée par des cuivres édifiants et une cuica bavarde. L'ensemble nous immerge pendant près de 3mn50s, dans le Rio de Janeiro des années tropicalia, où les immenses Tom Zé, Caetano Veloso, Gal Costa et Os Mutantes, entre autres, adaptaient psychédélisme et courant hippie à la réalité brésilienne, sous le coup d'une terrible dictature militaire.
"I Predict a Riot"  est extrait de la BO du film Kaiser: The Greatest Footballer Never to Play Football, sorti en salle le 26 Juillet dernier. Ce dernier célèbre la duperie éclatante de Carlos Henrique Raposo, médiocre joueur de football dans les années 80 et 90, qui a pourtant su maintenir l'illusion d'être l'égal des cadors brésiliens Ronaldo, Zico, Socrates ou encore Romario.

mardi 8 mai 2018

Nicola Son - 4² (João Del/Socadisc)

Nicola Son - 4² (João Del/Socadisc)

Petit miracle aux couleurs do brasil, est le dernier effort du musicien parisien Nicola Son. Succédant à son troisième album Sampathique paru en Janvier 2016, il s'agit d'un EP de 4 titres absolument envoutants, où le chanteur poursuit, avec son complice de la première heure, le journaliste Igor Ribeiro, son exploration des rythmes et sonorités qui l'habitent depuis son adolescence, moment clé de sa vie où il découvrit la bossa nova de Tom Jobim. Afin d'habiller les chansons co-écrites en portugais, le compositeur invite les producteurs Daniel Montes, Hugo Linns, João Antunes et Marcio Arantes, issus respectivement des capitales Rio de Janeiro, Recife, Belo Horizonte et Sao Paulo, à venir y exprimer leurs sensibilités faites de grooves samba funk ("Amanha Ja Era"), de reflets MPB ("Toi"), de dissonances psyché rock ("Escala") et même de réminiscences argentines ("Desamparados"). Ils représentent à leur manière la richesse et l'infinie diversité culturelle du Brésil...

lundi 30 avril 2018

Tim Maia - Disco Club (Mr Bongo)

Tim Maia - Disco Club (Mr Bongo)

Mr Bongo nous régale d'une nouvelle perle disco do brasil, extraite cette fois-ci du répertoire de l'immense godfather of funk carioca, l'incontournable Tim Maia. Il s'agit de son Disco Club, rareté oubliée initialement publiée en 1978 chez Atlantic.
Après avoir réédité l'excellent Maria Fumaça de Banda Black Rio, le label s'attaque en effet à un monstre sacré de la musique populaire brésilienne. Auteur de tueries absolues telles que "Sossego", Tim Maia a influencé toute un génération de musiciens dont le fameux Ed Motta, combinant efficacement paillettes et glamour disco, groove funk et racines soul. Si les 4 premières pistes du disque sont une invitation manifestes à la danse et à la fête, comme l'expriment les rythmes discoïdes frénétiques de "A Fim de Voltar" et "Vitoria Regia Estou Contigo E Nao Abro", les 6 autres titres sont bien plus apaisés, s'y distinguent même de pures ballades aux accents romantiques terriblement accrocheurs : "Murmurio", écrite par la légende Cassiano et le vibrant "Pais e Filhos".
Culte!

mardi 25 octobre 2016

Pedro Santos - Krishnanda (Mr Bongo)

Pedro Santos - Krishnanda (Mr Bongo)

Le percussionniste brésilien Pedro Sorongo, alias Pedro Santos, Pedro Dos Santos ou encore Pedro Da Lua, publiait en 1968 l'énigmatique et hypnotique Krishnanda, unique chef d'oeuvre qu'il sortit sous son propre nom. Il ne nous reste que très peu d'information sur ce virtuose carioca né en 1919, inventeur d'instruments, plasticiens, poète, philosophe et géniteur d'une musique spirituelle empreinte de psychédélisme, de folk, de rythmes africains, de mélodies orientales, de MPB (musique populaire brésilienne), de jazz, de bossa et de samba.

Au chant, aux percussions et aux effets, le mystique Pedro accouchait alors d'un disque emblématique aux sonorités cosmiques et avant-gardistes, dont le grain de folie fait encore aujourd'hui des émules, je pense à Madlib, Seu Jorge, Floating Points, Dj Nuts et Kassin. Non seulement fin rythmicien mais aussi mélodiste affirmé et auteur/compositeur bien plus apprécié en Europe que dans son Brésil natal, il n'a jamais étudié le solfège, il créait pourtant du son à partir de tout et de rien.

Loin d'être ce genre d'artiste visionnaire vivant à l'écart du monde, Pedro 'Sorongo' Dos Santos était très actif sur scène et en studio, il s'est d'ailleurs illustré aux côtés des plus grandes stars de la scène brésilienne des années 60 et 70 comme Clara Nunes, Meireles, Maria Bethania, Paolinho Da Viola, Gilberto Gil, Baden Powell, et Arthur Verocai...

Produits par Hélcio Milito, batteur du fameux Tamba Trio et arrangés par Joppa Lins, les 12 titres de Krishnanda sont le lègue qu'il nous a transmis et que les têtes chercheuses du label Mr Bongo sont aller nous débusquer. Une réédition essentielle!

jeudi 20 octobre 2016

Vakia Stavrou - Alasia (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Vakia Stavrou - Alasia (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Entre fado, bossa nova et MPB savante (Musique Populaire Brésilienne), folk grec et jazz, la chanteuse chypriote Vakia Stavrou déploie sa voix envoutante et cristalline sur des compositions intimistes aux mélodies limpides et aux arrangements acoustiques dépouillés mais raffinés. Elle publie chez Accords Croisés son nouvel opus baptisé Alasia, dans lequel elle est entourée du brésilien Carlos Bernardo à la guitare et aux arrangements, du délicat Guillaume Robert à la contrebasse, du cubain Inor Sotolongo aux percussions et d'Octavio Angarita au violoncelle. Admiratrice des divas Billie Holiday et Ella Fitzgerald, sensible aux timbres si singuliers d'Edith Piaf et Charles Aznavour, Vakia s'exprime aussi bien en anglais et en portugais qu'en grec dans des chansons d'amour vibrantes, où planent les spectres bienveillants de Gal Costa, Maria Bethãnia et Amalia Rodriguez. Courts, déchirants et renversants, les 15 titres à l'éclairage tamisé d'Alasia nous dévoilent leurs lignes pures et leurs couleurs méditerranéennes si attachantes...



lundi 18 avril 2016

Arthur Verocai - Arthur Verocai (Mr Bongo)

Arthur Verocai - Arthur Verocai (Mr Bongo)

Les têtes chercheuses du label anglais Mr Bongo sont allées nous débusquer une oeuvre magistrale et pourtant quasiment disparue des écrans radars d'Arthur Verocai, multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur brésilien originaire de Rio de Janeiro, qui s'est notamment illustré aux côtés des divas Maria Creuza, Gal Costa ou Ellis Regina.

Souvent comparé à Tim Maia et Jorge Ben, le chef d'orchestre méconnu publiait en 1972 son album éponyme de 10 titres, où la fusion des genres folk, classique, jazz, samba, funk, bossa nova (Tom Jobim), soul et tropicalisme dénotait un esprit d'aventure d'une grande sophistication.

Osant même bousculer les codes de l'époque en explorant les sonorités électroniques et psychédéliques ("Karina"), Arthur a su éviter la censure militaire en employant un style d'écriture imagée:
Si les ambiances soul/funk 70's étasuniennes transparaissent dans "Presente Grego", c'est en effet pour mieux critiquer le pouvoir en place et ses fausses apparences, il fait allusion à l'épisode du Cheval de Troie et du piège tendu aux troyens par les grecs.

S'inspirant autant d'artistes nord-américains tels Shuggie Otis, David Axelrod et Charles Stepney ou Miles Davis, Bill Evans, Oscar Peterson et Herbie Hancock que de ses compatriotes précurseurs comme H. Villa Lobos, Milton Nascimento et Tom Jobim, il avait déjà imposé sa marque par le passé en arrangeant les cordes pour Jorge Ben ou en produisant Agora d'Ivan Lins (1971) et 2 albums pour Célia (chanteuse d'ailleurs présente dans son projet). Sa réussite fut telle que Continental lui offrit la possibilité d'enregistrer ses propres compositions, défi qu'il accepta en imposant le choix de ses musiciens. Au casting figurent donc12 violonistes, 4 altos et 4 violoncelles, des percussionnistes, batteurs, guitaristes, bassistes, trompettistes, flutistes et claviéristes... On y croise entre autres les pointures Pedro Santos (percussions) Toninho Horta (guitare), Edson Maciel et Paulo Moura (saxophone) ou Pascoal Meireles (batterie)... sans oublier les chanteurs Carlos Dafe et Oberdan.

Bien que l'opus soit court, une trentaine de minutes à peine, Arthur Verocai a su traduire le large spectre musical qui inondait le Brésil à l'époque, il témoigne ainsi d'une effervescence féconde, qui prend ici des allures de bande-son orchestrale psych-funk. La musique de film l'ayant toujours attiré, c'est pour son travail à la télévision qu'il sera finalement récompensé avec entre autres les musiques pour les pubs de Brahma, Fanta ou Petrobra's.

Le disque, dont une version originale peut se vendre autour des 2000$, a été échantillonné par les piliers de la scène hip-hop US dont MF Doom, Ludacris & Common, Little Brother ou encore Action Bronson. L'immense Madlib déclare même à son sujet "I could listen to the album everyday for the rest of my life"!