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jeudi 22 juin 2023

Ugo Lemarchand 4tet - Thalia (Jazz Village/Socadisc)

Ugo Lemarchand 4tet - Thalia (Jazz Village/Socadisc) 

Il existe une identité, une spontanéité et une palette de sonorités propres au jazz américain et les clubs de la Grosse Pomme en sont une indéniable vitrine. Thalia, à paraitre sur le label Jazz Family le 23 Juin prochain, semble être le produit de cette effervescence new-yorkaise, mais il en est rien. Il s'agit d'un disque bien de chez nous, enregistré les 20, 21 et 22 Janvier 2023 par Philippe Gaillot, non pas en live devant un public enflammé - comme son intensité pourrait laisser le croire - mais au Studio Recall de Pompignan. 

Le saxophoniste français Ugo Lemarchand, accompagné par l'excellentissime pianiste italien Dado Moroni s'est ici adjoint les services d'un tandem rythmique d'outre-Atlantique au dynamisme époustouflant. Le batteur Jason Brown et le contrebassiste Darryl Hall complètent à merveille ce quartet à l'esthétique du Blue Note de l'âge d'or, où s'exprime un swing magnétique et vibrant, généreux et communicatif. Le jeu juste, précis et puissant du saxophoniste, son écriture classieuse à l'efficacité immédiate, sont renforcés par l'impressionnante maîtrise et l'élégance du pianiste. Ensemble, ils font sonner ce Thalia comme un grand classique du hard bop et au bout des 59mn d'écoute, on n'a qu'une seule envie, c'est de réappuyer sur le bouton 'play'. Originaire de Rodez et désormais installé à Marseille, Ugo a composé 6 des 10 thèmes proposés dans son disque, s'y croisent ses merveilleux "One Shot" ou "CE22" ainsi que les intemporels "Giant Steps" de John Coltrane ou "Blue in Green" de Bill Evans... Que du bonheur!



jeudi 19 décembre 2019

Atelier de Musiques Improvisées - L'AMI joue Monk (Durance/Absilone)

Atelier de Musiques Improvisées - L'AMI joue Monk (Durance/Absilone)

Le collectif basé dans le sud-est de la France Atelier de Musiques Improvisées - ou AMI pour les intimes - publiera le 20 Décembre prochain sous la direction du guitariste varois Alain Soler, le disque L'AMI joue Monk, un hommage vibrant rendu à l'immense Thélonious Monk, génie incontesté du jazz des années 40, 50 et 60. C'est pour fêter le 30ème anniversaire de la structure dédiée à l'enseignement, que son fondateur a retenu 13 morceaux choisis parmi les plus emblématiques du pianiste américain ("Round Midnight", "Straight No Chaser" ou encore "In Walked Bud"). Accompagné de 18 musiciennes et musiciens dont son fils le batteur Antony Soler, il convie notamment au chant sa complice Capucine Ollivier, interprétant sur 8 compositions du maître les textes écrits par Soesja Citroen, Jon Hendricks, Joy Lucente, Mike Ferro et Bernie Hanigen.


vendredi 29 juin 2018

François Bernat Quartet - Hommage à la musique de Miles Davis

François Bernat Quartet - Hommage à la musique de Miles Davis

Les monstres sacrés qu'ont été des pionniers du jazz moderne comme Charlie Parker, Thelonious Monk ou John Coltrane sont une source intarissable d'inspiration pour tout artiste voulant revenir aux fondamentaux d'un genre musical qui n'en finit plus de s'enrichir, d'évoluer et de changer de forme au gré de métissages et d'expérimentations.
Le contrebassiste français François Bernat a eu ce besoin, presque impérieux, de se replonger dans le répertoire d'un de ces visionnaires. Élevé au rang de star, le trompettiste génial Miles Davis a plusieurs fois révolutionné la musique noire américaine tout au long d'une carrière. Ayant été l'un des musiciens qu'il a le plus écouté au cours de son apprentissage, lui rendre hommage s'imposait alors comme une évidence, une obligation même au regard d'un héritage si précieux.

Mais alors, quels morceaux choisir dans cette impressionnante discographie? Sur quelle période s'attarder parmi ses phases be-bop, cool jazz, hard bop, third stream, fusion ou électrique...?
François Bernat a retenu des thèmes datant de son époque acoustique et s'étalant du milieu des années 50 à la fin des années 60. Ils sont extraits d'albums mythiques tels que 'Round About Midnight, Miles Ahead, Bag's Groove, Birth of The Cool (1957), Milestones (1958), Kind Of Blue (1959), E.S.P. (1965) et Nefertiti (1967).
Entouré d'un casting de haut vol formé de Frédéric Borey au saxophone ténor, Antonio Pino à la guitare, Olivier Robin à la batterie, le contrebassiste sublime ces compositions intemporelles écrites par les prestigieux Herbie Hancock ("Madness"Wayne Shorter ("Iris"), et bien sûr par le Picasso du Jazz en personne ("Milestones" et "Deception"). Le quartet reprend également des standards que Miles a réalisé en collaboration avec ses complices Gil Evans et Bill Evans : "Boplicity", "Miles Ahead" et "Blue In Green".

Le disque Hommage à la musique de Miles Davis sonne formidablement bien, enregistré en studio dans les conditions d'un live, il exprime et célèbre comme il se doit la magie d'un sorcier du jazz. S'en dégage une énergie et une chaleur redoutablement fédératrices, ou élégance, justesse et plaisir de jeu immergent l'auditeur dans l'univers singulier d'un esthète à part et avance sur son temps.
Nous noterons la participation de l'excellent Yoann Loustalot, présent sur trois titres de l'opus. Trompettiste infatigable qui enchaîne les projets dont Aérophone, Lucky Dog ou encore le tout récent Old and New Songs...


lundi 25 juin 2018

Thomas Bramerie Trio - Side Stories (Jazz Eleven)

Thomas Bramerie Trio - Side Stories (Jazz Eleven)

Avec une centaine d'albums à son actif en tant que sideman, le contrebassiste au CV plus qu’impressionnant, Thomas Bramerie, publie sur Jazz Eleven son premier opus solo baptisé Side Stories, un recueil très personnel de 14 compositions élégantes au swing raffiné, dont il signe la plupart des thèmes. Entouré de deux jeunes loups de la scène jazz hexagonale, le batteur Elie Martin-Charrière et le pianiste Carl-Henri Morisset, le quinquagénaire convie les emblématiques Jacky Terrasson, Eric Legnini et Stéphane Belmondo à venir compléter son prestigieux casting. Le trompettiste œuvrant sur 3 titres, chapeaute également le projet de son ami de longue date.
De subtiles références à la grande variété française comme "Un jour tu verras" immortalisée jadis par Mouloudji ou "Avec le Temps" par Léo Ferré, se frottent aux sonorités be-bop et hard-bop de"Played Twice" (Thelonious Monk) et"Work Song" (Nat Adderley), comme au répertoire classique d'Edward Elgar avec le tendre "Salut d'Amour". L'influence du groove est plus que perceptible dans les bijoux "Here" et "All  Alone", tous deux portés par les touches électriques du Fender Rhodes d'Eric Legnini. Les notes latin jazz du chaloupé "Chantez" et de la bossa "Troç De Vida" ouvrent encore un peu plus le propos musical d'un disque réussi
Thomas Bramerie et son trio de choc placent la barre très haute, élaborant un jazz hors du temps, gorgé d'émotions et d'inventivité.



lundi 7 mai 2018

Pierre Marcus - Pyrodance (Jazz Family/Socadisc)

Pierre Marcus - Pyrodance (Jazz Family/Socadisc)

C'est dans le sud de la France que le contrebassiste Pierre Marcus a fait ses armes sous la direction des piliers du Conservatoire de Nice, le trompettiste François Chassagnite (RIP) et le saxophoniste Jean-Marc Baccarini. Le 27 Avril dernier, sur Jazz Family, il publiait son second opus Pyrodance, entouré du saxophoniste Baptiste Herbin (alto & soprano), du pianiste Fred Perreard et du batteur Thomas Delor, casting déjà présent sur le précédent Longue Attente, paru en 2015, après l'obtention de son diplôme de fin d'étude. Artisan d'un groove généreux ("Mestre Dana") et d'un swing élégant, le compositeur discret nous dévoile 10 titres vibrants et accrocheurs, dont 9 sont signés de son sceau; "317 East 32 NB Street" étant une reprise de l'immense Lennie Tristano, où brille une walking bass hypnotique. Il alterne savamment des airs de ballades nocturnes comme les tendres "Luboff" ou "Papillon Bungalow" et des tempo plus soutenus telles que l'ouverture trépidante "Berthé Futé" ou la clôture "Pyrodance" qui a donné son nom au disque, un hommage à l'une des principales influences de Pierre, le pianiste Thelonious Monk. Se référant à la grande tradition du jazz, be-bop et hard bop en tête, Pyrodance exprime sa singularité dans un interplay gorgé de chaleur et de générosité, en effet, le quartet, rejoint à deux occasions par le saxophoniste cubain Irving Acao (ténor), irradie l'auditeur de vibrations acoustiques positives et fédératrices.

vendredi 27 avril 2018

Lucky Dog - Live at the Jacques Pelzer Jazz Club (Fresh Sound New Talent/Socadisc)

Lucky Dog - Live at the Jacques Pelzer Jazz Club (Fresh Sound New Talent/Socadisc)

Le saxophoniste Frédéric Borey cofondait en 2013 avec le trompettiste Yoann Loustalot, le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Frédéric Pasqua, le quartet acoustique Lucky Dog, une formation jazz classieuse et inspirée, marquée par les influences précieuses et incontournables des légendes d'outre-Atlantique des 70's : Steve Lacy, Don Cherry, Dewey Redman, Charlie Haden et Ed Blackwell.
En 2014 Lucky Dog publiait un premier opus au titre éponyme, définissant les contours d'une esthétique musicale sans harmonie, basée sur l'énergie et l'instantanéité, l'émotion et l'interplay.
En Février 2017, était enregistré en live et à l'ancienne, dans la mythique et chaleureuse salle du Jacques Pelzer Jazz Club, un second album constitué de 10 compositions écrites par les deux souffleurs mais pensées par l'ensemble du groupe. Déployant un charme fou, en partie grâce à l'acoustique intimiste du lieu de captation, mais surtout grâce à la maîtrise du son et du jeu de chacun de ses protagonistes, le projet Live at the Jacques Pelzer Jazz Club est un concentré de subtilité et d'efficacité, gorgé de réminiscences free, be-bop et hard-bop, éveillant en nous une douce nostalgie de la grande époque du jazz new-yorkais.

jeudi 1 mars 2018

Daniel Erdmann, Christophe Marguet Featuring Henri Texier & Claude Tchamitchian - Three Roads Home (Das Kapital Records/L'Autre Distribution)

Daniel Erdmann, Christophe Marguet Featuring Henri Texier & Claude Tchamitchian - Three Roads Home (Das Kapital Records/L'Autre Distribution)

Le saxophoniste allemand Daniel Erdmann, co-fondateur avec Edward Perraud et Hasse Poulsen de la formation Das Kapital, nous présente en collaboration avec son complice le batteur Christophe Marguet - également à affiche du récent For Travellers Only avec Sébastien Texier - un nouveau projet baptisé Three Roads Home, élaboré en partenariat avec deux invités de marque : les contrebassistes Claude Tchamitchian et Henri Texier - ce dernier sortant à peine des studios pour l'enregistrement de son dernier opus, Sand Woman.
Three Roads Home s'inscrit dans la continuité de leur précédent travail en duo Together, Together! paru en 2013. Il est conçu autour de 2 trios sax/contrebasse/batterie distincts, et un quartet sax/2 contrebasses/batterie.
Reflétant un jazz libre et sophistiqué, il aligne des sensibilités, des manières de jouer et d'improviser qui s'affirment, coexistent et interagissent, tout en se pliant aux exigences mélodiques et rythmiques des 12 compositions de l'opus. Ces dernières, écrites en majorité par notre tandem de leaders, forment un recueil qui bouscule l'auditeur au premier abord, créant sans cesse la surprise en lui offrant ici des moments suspendus absolument envoutants, comme peut en témoigner l'ouverture à la chaleur latine "A n'importe quel prix", et là, des rythmiques au swing plus soutenu, comme l'urgent "Ornette". Ailleurs, ce même auditeur est semé dans quelques entrelacs free"Summer Colour" laisse hurler un saxophone incisif et pleurer une contrebasse déchirante, battue par un martèlement vigoureux.
Un thème n'échappera pas aux afficionados d'Henri Texier, "Don't buy ivory anymore" (extrait de l'album An Indian's Week sorti en 1996) impose en effet sa mélodie accrocheuse et hypnotique, laissant s'exprimer une batterie vibrante et tribale aux allures de tambours du Burundi.

"A n'importe quel prix" en écoute ICI

mardi 24 octobre 2017

Kyle Eastwood - In Transit (Jazz Village/Pias)

Kyle Eastwood - In Transit (Jazz Village/Pias)

Après The View From Here paru en 2013 et Time Pieces en 2015, le jazzman américain Kyle Eastwood nous revient avec In Transit, son huitième opus enregistré à Malakoff au célèbre Studio Sextant La Fonderie. Entouré de ses vieux complices, Andrew McCormack au piano et Quentin Collins à la trompette, le contrebassiste convie également le saxophoniste Brandon Allen, déjà présent dans le précédent effort, ainsi que le batteur Chris Higginbottom, nouveau venu dans cette formation définitivement 'so british'!
Depuis ses débuts au milieu des 90's, marqués par des références magistrales au jazz orchestral des années 50, les désirs de grandeurs, d'aventures et d'expérimentations de Kyle l'ont mené à flirter avec différents styles comme l'electro jazz, le smooth jazz ou encore le jazz funk.
Sa nouvelle orientation esthétique, amorcée depuis ses deux derniers disques, dénote ici plus que jamais sa volonté d'un retour aux sources, pour preuve l'artiste y revisite en les réactualisant, deux standards emblématiques de Charles Mingus et Thelonious Monk, tous deux représentants d'un hard-bop flamboyant, au tournant des années 60. Il donne à entendre une musique spontanée et pleine d‘énergie, fondée sur les influences marquantes du rhythm and blues, du blues et du gospel. Des titres accrocheurs et fédérateurs tels que "Rush Hour", "Blues In Hoss" ou encore "Rockin Ronnie's" expriment à merveille ce plaisir du swing, ce goût du risque sans cesse renouvelé de l’improvisation et cette magie de l’interaction collective, sensations et émotions que recherchent obstinément Eastwood et ses acolytes. Son amour du groove, qui déborde littéralement dans "Soulful Times", et sa passion du 7ième Art, domaine pour lequel il a beaucoup composé (Gran Torino, Invictus, Million Dollar Baby...réalisés par son père) demeurent aussi des constantes dans son oeuvre. Nous retiendrons d'ailleurs sa sublime reprise du célèbre thème d'Ennio Morricone, "Cinema Paradisio".
Une fois de plus Kyle Eastwood impose sa touche directe, lyrique et mélodique, réaffirmant avec élégance sa quête d’une relation à la grande tradition du jazz, sans jamais tomber dans le piège du plagiat.

mercredi 18 octobre 2017

Hervé Sellin - Always Too Soon/Passerelles (Cristal Records/Sony Music)

Hervé Sellin - Always Too Soon/Passerelles (Cristal Records/Sony Music)

 Enseignant engagé au CNSM de Paris et aux ateliers jazz de Sciences-Po, le pianiste, compositeur et arrangeur sexagénaire Hervé Sellin nous présente, chez Cristal Records, deux nouveaux projets captivants. Le premier, baptisé Passerelles, porte bien son titre puisqu'il tisse des liens étroits entre les univers de la musique classique et contemporaine, du jazz et de l'improvisation. Le second, Always Too Soon, est un vibrant hommage au saxophoniste légendaire, Phil Woods, il sonne comme une éloge à la tradition, au swing et à un be-bop encore vivace. Ces deux albums expriment parfaitement l'idée d'un jazz protéiforme que cultive le musicien depuis ses débuts, en effet ses études classiques à Paris dans la classe d'Aldo Ciccolini l'ont mené au jazz et à des rencontre musicales exceptionnelles. S'étant illustré auprès de figures emblématiques telles qu'Art Farmer, Chet Baker, Dizzy Gillespie, Clifford Jordan, Branford Marsalis, Dee Dee Bridgewater, Henri Texier ou encore Richard Galliano, il a accompagné durant plus de 15 ans le saxophoniste ténor Johnny Griffin, alias The Little Giant.
Dans ses deux opus, Hervé Sellin interprète avec la même passion les oeuvres des maîtres Robert Schumann ("Les Scènes d'Enfants"), Erik Satie ("3ième Gnossienne"), Claude Debussy ("Prélude à l'Après-Midi d'un Faune") et Henri Dutilleux ("Sonate") que les standards des monstres sacrés  que sont Thelonious Monk ("Trinkle Tinkle"), Lennie Tristano ("Lennie's Pennies"), Tom Harrell ("Gratitude") ou Vernon Duke ("Autumn in New-York), s'entourant systématiquement de véritables pointures de la scène hexagonale, comme le saxophoniste Pierrick Pedron ou la pianiste Fanny Azzuro.
Incontournable!


 

mercredi 4 janvier 2017

Papanosh - A Chiken in a Bottle (Yellow Bird/L'Autre Distribution)

Papanosh - A Chiken in a Bottle (Yellow Bird/L'Autre Distribution)

Je connaissais le crapaud glissé mystérieusement dans la fameuse bouteille de gniole, référence à la scène culte du film Les Bronzés Font du Ski, mais pas encore le poulet, c'est chose faite avec ce nouvel opus du quintet rouennais Papanosh intitulé A Chicken in a Bottle. Suite à son Oh Yeah Ho acclamé par le public et la critique, la formation jazz constituée en 2006 nous offre 8 compositions inédites et pétillantes souvent explosives, accompagnées d'une reprise vibrante de la ballade "Plain Gold Ring" écrite par George Stone et immortalisée jadis par la diva Nina Simone. Dominé par les claviers de Sébastien Palis (piano, orgue B3, wurlitzer) et les sonorités cuivrées du trompettiste Quentin Ghomari et du saxophoniste Raphaël Quenehen, ce nouveau projet largement orienté hard-bop nous balance son swing désarticulé  et ses mélodies touchantes mais souvent brinquebalantes et bariolées, inspirées des aventures free jazz de Mingus, Dolphy ou du Art Ensemble of Chicago. La section rythmique menée par le batteur Jérémie Piazza et le contrebassiste Thibault Cellier déploie un groove captivant nous menant au gré de ses accélérations et décélérations dans des univers colorés aux frontières poreuses, où fricottent blues, jazz nocturne, notes bleues dissonantes et incandescentes, reflets latins et afroparfum des balkans, fulgurance et virtuosité... Le tout avec audace et inventivité, dans un esprit festif et de partage !

 

jeudi 8 décembre 2016

Alessandro Presti - Halaesa (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Alessandro Presti - Halaesa (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Entouré de son quintet, le jeune trompettiste sicilien Alessandro Presti nous présentait en Septembre 2016 chez CAM Jazz son premier projet solo intitulé Halaesa. A même pas 30 ans, le musicien natif d'une petite ville située dans la région de Lazio s'est fait un nom dans le paysage jazzistique italien grâce à son approche singulière du hard-bop et son goût prononcé pour l'effervescence de la scène jazz de New-York. Remarqué par le légendaire contrebassiste portoricain Eddie Gomez et membre deux années durant du quartet de l'excellent batteur Roberto Gatto, Alessandro nous offre ici 9 compositions originales enregistrées avec un casting de haut vol, le saxophoniste Daniele Titarelli, le pianiste Alessandro Lanzoni (dont nous parlions en 2015 avec la parution de son disque Seldom), le contrebassiste Gabriele Evangelista et le batteur Francesco Ciniglio. Ensemble, ils distillent avec équilibre et raffinement une musique d'une grande élégance, mettant en avant un sens de la musicalité certain que le trompettiste curieux doit en grande partie à l'étude des maîtres Miles Davis et John Coltrane, Wayne Shorter et Horace Silver ou encore McCoy Tyner et Herbie Hancock... Un bien bel exercice extrait de la série CAM Jazz Presents consacrée aux jeunes talents.


mardi 8 novembre 2016

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut/Differ-Ant)

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut Records/Differ-Ant)

Sacré personnage que ce singulier jazzman américain échappé de Saturne pour prêcher la paix sur Terre sous les traits de la divinité égyptienne du soleil. Né en 1914 Herman Poole Blount à Birmingham Alabama, il se rebaptise Sun Ra et devient rapidement un des pionniers de l'esthétique afro-futuriste. Pianiste et claviériste engagé, pape du space-bop, prolifique et explorateur, aventurier mystique et touche à tout, sa longévité lui aura permis d'expérimenter tous les styles du jazz, allant du swing des big bands à l'improvisation free-jazz, en passant par le doo wop, le boogie woogie, la fusion et le hard-bop.
Rejoignant la ceinture d'astéroïdes entourant sa planète natale en 1993 à l'âge de 79 ans, l'artiste avant-gardiste aura laissé ici-bas une discographie impressionnante et un groupe de disciples dévoués rassemblés en un collectif nommé Arkestra.

L'excellent label Strut nous propose aujourd'hui une collection définitive des singles les plus rares du voyageur cosmique, couvrant la période de 1952 à 1991. Nous dressant le portrait d'un musicien, poète et philosophe atypique et haut perché, la compilation intitulée Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection se décline en 3 CDs et sera pressée en vinyle aux formats LP et 45 tours.

L'ouvrage exhaustif est dédié à des rééditions datant des 3 grandes périodes de Sun Ra, correspondantes aux 3 villes où il vécut: Chicago (1945-1951), New-York (1961-1968) et Philadelphia (1968-1993).

Flirtant avec le swing ("Medicine For A Nightmare"), il y mène au piano et aux claviers des big bands massifs dominés par des cuivres puissants et racés, s'illustrant auprès de son fidèle Arkestra mais aussi avec The Nu Sounds, The Cosmic Rays, The Qualities ou encore Yochanan (The Space Age Vocalist). Toujours bien entouré, Sun Ra s'intéresse aussi aux écoles be-bop et hard-bop (on notera sa collaboration avec la chanteuse Hattie Randolph dans le sublime "Round Midnight" de Monk ou avec le saxophoniste Pat Patrick dans "Orbitration In Blue"). Se dévoile enfin un univers plus expérimental et libéré de tous canons esthétiques, on entrevoit alors la phase la plus novatrice et révolutionnaire de sa carrière. Les sonorités deviennent plus tranchantes et torturées, l'usage des synthétiseurs devient plus marquée et les ambiances folles se font plus psychédéliques ("Cosmo Extensions", "Disco 2021"). Son jeu intègre les recherches du free-jazz et s'alimente d'idéologie afro-centrique, s'exprimant aussi bien en solo qu'en orchestre gigantesque, Sun Ra propulse ses prestations scéniques vers un spectacle total, autant sonore que visuel, avec ses danseuses, ses costumes de l'espace d'inspiration égyptienne, ses lights shows...

Strut nous donne un aperçu du lègue laissé par l'un des musiciens majeurs du 20ième siècle!