vendredi 28 avril 2017

New Order - Music Complete: Remix EP (Mute Records)

New Order - Music Complete: Remix EP (Mute Records)

Le 07 Avril dernier, la célèbre formation rock de Manchester New Order publiait chez Mute Records, Music Complete: Remix, un EP de 5 remixes revisitant des titres de leur dernier opus paru en 2015 (premier album depuis 10 ans). Après ses débuts post-punk en 1980 dans la lignée de Joy Division, le groupe explore d'autres voies, plus électroniques et dansantes, innovant notamment par son mélange des genres et son virage indie dance.
Music Complete: Remix EP s'ouvre avec le rework du DJ japonais Takkyu Ishino qui s'empare de "Tuttu Frutti" et nous livre sa vision techno hypnotique d'un titre à l'origine orienté synth-pop. Le producteur britannique Marc Reeder, un proche du groupe, signe quant à lui la vibrante "Spielt Mit Version" de "The Game", aux accents electronica et downtempo, ainsi que l'"Akademix" de "Academic", qui renoue avec les sonorités club du New Order des 80's.
Vient ensuite l'excellent Tino Piontek alias Purple Disco Machine, qui reprend "People On The High Line" le marquant de sa griffe nu disco si fédératrice. C'est enfin au tour du français Agoria de clore l'EP avec son envoutant edit "dub" aux reflets deep house de "Restless".
Du très beau monde qui saura nous faire patienter jusqu'au 26 Mai prochain, date à laquelle New Order sortira NOMC15, un enregistrement live capté à l'Académie de Brixton en Novembre 2015.

Jacky - Sensation EP (DFTD)

Jacky - Sensation EP (DFTD)

Le jeune DJ producteur basé à Londres, Jacky, publie Sensation, premier EP de 3 bombes aux sonorités house underground qui paraîtra le 05 Mai prochain sur DFTD. Puissamment dotés en lignes de basse assassines, "Bass Thumpin'", "Revolucion" et le titre éponyme affichent fièrement leur ambition d'envouter le dancefloor cet été. On notera la performance vocale de la sensuelle Amelia Sear sur le très accrocheur "Sensation", les samples d'un discours galvanisant du Leader Maximo Fidel Castro dans le brulant "Revolucion" et les accents chicago house dans le massif "Bass Thumpin'".
Bref, il y a du lourd au programme !

jeudi 27 avril 2017

Honey Dijon Featuring Charles McCloud - Personal Slave (Classic Music Compagny)

Honey Dijon Featuring Charles McCloud - Personal Slave (Classic Music Compagny)

La diva des platines Miss Honey Dijon, qui nous régalait en Juin 2016 avec son titre "Houze" produit aux côtés du talentueux Seven Davis Jr, revient sur Classic Music Compagny avec une nouvelle bombe underground et sulfureuse, baptisée "Personal Slave". Digne représentante d'une house typiquement new-yorkaise, elle a su y mêler les influences racées de sa ville natale, Chicago.
Cette nouvelle production aux sonorités acid house - élaborée en collaboration avec Charles Duff alias Charles McCloud qui vient lover la production d'Honey avec ses vocaux suaves - ne manque pas de piquer notre attention, de par son ton provocateur et sensuel bien sûr, renforcé par la moiteur de son atmosphère hédoniste et décadente, mais aussi grâce à sa texture hybride, évoluant à travers l'héritage des écoles de Chicago, Détroit, Berlin et New York.
C'est sous son autre nom d'artiste émergeant sur la scène techno US Matrixxman, que Charles Duff nous offre un "Dungeon Dub" immersif, sombre et pesant qui trouverait très bien sa place dans le temple de la techno allemande, le Berghain.
Le "Drum Machine Mix", comme son nom l'indique est davantage percussif et incisif, arborant une rythmique aux reflets disco, rappelant les improvisations à la batterie d'un certain Cerrone.

Harleighblu - Tell 'Em feat. J-Felix (Starkiller Reimagining) (Tru Thoughts)

Harleighblu - Tell 'Em feat. J-Felix (Starkiller Reimagining) (Tru Thoughts)

Le tandem, associant la diva anglaise Harleighblu aux producteurs californiens Starkiller, accouchait fin 2016 d'un long format baptisé Amorine. Une collaboration fructueuse qui sera relayée par le single "Killing My Heart" et l'EP Save Me, dont parlions en Février dernier.

Tru Thoughts sortait le 12 Avril dernier une nouvelle rencontre au sommet de ce trio de choc, en effet C.E. Garcia et Alfredo E. Fratti se sont penchés sur le morceau "Tell 'Em" que la chanteuse soul nous présentait en Mai 2016 dans son EP Futurespective Pt.3 et dans lequel elle œuvrait auprès du multi-instrumentiste J-Felix.
Les américains basés à L.A. nous en livrent une version complètement "ré-imaginée" où la voix racée et vibrante d'Harleighblu demeure, mais où l'orchestration vintage y est beaucoup plus cinématique et psychédélique, rappelant l'atmosphère rétro d'une bande-son d'un François de Roubaix ou la signature de leur illustre complice, Adrian Younge.

Grand Mal x - Grand Mal x (Kess Kill Records)

Grand Mal x - Grand Mal x (Kess Kill Records)

Le duo suédois basé à Solna, Grand Mal x, nous offre son nouvel EP au titre éponyme à paraître le 15 Mai prochain sur Kess Kill Records.
Karl Rydby et Mattias Ivarsson publiaient en 2014 leur maxi Life et l'année d'après le 7 titres Before Life distribués au format cassette via Beläten. En même temps sortait Back Alley Road chez Black Horizons, suivi en 2016 de Shamanik Frequency (compilant des inédits), toujours sur ce même support de prédilection au look vintage.
Composé de 4 étranges plages pressées sur disque vinyle (une première pour le tandem), ce nouvel effort exprime un univers électronique narcoleptique et cinématique, aux ambiances sombres et aux atmosphères moites, habitées de sonorités ambient ("The Trip") et drone ("Rabbit"), italo disco ("Late Night Call"), synth pop et electro punk ("Speed Of Light").
Pas forcément accessible dès la première écoute, Grand Mal x accroche tout de même son auditeur en élaborant des textures hybrides, mêlant viscosité organique et mélancolie synthétique.


mercredi 26 avril 2017

Sorg - Push EP

Sorg - Push EP

Le producteur français ancré à Besançon Sorg s'apprête à publier courant Juin 2017 son dernier EP baptisé Push. Alchimiste du rythme, acrobate de l'échantillonnage jazzy, équilibriste de l'electro et maître des claviers, il développe à travers 5 nouveaux titres instrumentaux d'une rare finesse de savantes textures aux sonorités captivantes, nous rappelant parfois celles d'un certain Guillermo Scott Herren alias Prefuse 73. Mêlant brillamment les univers du hip-hop et de l'abstract, c'est en véritable orfèvre que le beatmaker/musicien diffuse son groove accrocheur et hypnotique, tantôt radieux tantôt empreint de mélancolie, mais toujours incrusté de samples cuivrés ou de vocaux soul précieux savamment découpés. Un très très bel objet musical!

Tyler Yarema and His Rhythm - Gotta Bran' New Suit (Radioland)

Tyler Yarema and His Rhythm - Gotta Bran' New Suit (Radioland)

Le label Radioland publie la réédition du disque Gotta Bran' New Suit du pianiste, compositeur et chanteur basé à Toronto, Tyler Yarema. Produit par le regretté guitariste Jeff Healey (qui s'illustre ici à la trompette), l'opus nous propose à ses 12 titres une immersion dans les sonorités festives du jazz des big-band et du boogie-woogie du Chicago des années 30 et 40. Ce mode d'expression bluesy au dynamisme enthousiaste et au swing accrocheur convoque forcément les spectres des immenses Louis Prima et Benny Goodman, qui flottent au dessus de la reprise du brulant "Sing Sing Sing", ou de Louis Armstrong sur le standard "I'm Confessin' That I Love You".
Le jeu précis, frais et virtuose au piano de Tyler nous fait évidemment songer à celui des pionniers de ce style dont le rythme explosif influença plus tard le rock'n'roll: Meade Lux Lewis, Albert Ammons et Pete Johnson, puis Sammy Price, Memphis Slim, Lloyd Glenn, Jay McShann.

mardi 25 avril 2017

Andrea Martini - Purity (Emotive Sounds Records)

Andrea Martini - Purity (Emotive Sounds Records)

 Le Dj/producteur italien basé à Copenhague Andrea Martini nous revient sur son propre label Emotive Sounds avec un nouvel EP aux sonorités deep-techno baptisé Purity. Composé de 3 titres absolument captivants, il exprime l'immense soin apporté par le producteur à l'élaboration d'ambiances mélodiques nébuleuses et hypnotiques ("Purity", "Just To Release Your Heart") et de rythmiques accrocheuses qui savent montrer leurs muscles ("Temporary Relief"). A grands renforts d'arpégiateurs obsédants et de nappes astrales, Andrea dessine les contours d'une techno sophistiquée, profonde et organique, orientée dancefloor mais aussi propice à une écoute au casque.

Defected presents House Masters - Jazz-N-Groove (Defected)

Defected presents House Masters - Jazz-N-Groove (Defected)


Après Todd Terry, Junior Jack ou encore Heller & Farley, c'est au tour du mythique duo Jazz-N- Groove de voir leur catalogue être célébré dans la fameuse collection Defected Presents House Masters. Les piliers de l'industrie musicale Marc Pomeroy et Brian Tappert, tous deux dirigeants du célèbre site de téléchargement dédié aux DJs, Traxsource (2004), se sont associés au milieu des années 90 pour fonder entre autres, l'une des entités house les plus reconnues dans ce milieu, considéré encore à leur époque comme underground. Publiant leurs productions sur les plus prestigieux labels comme Bassline, Suburban et bien sûr Strictly Rhythm, ils fondèrent leur propre plateforme baptisée Soulfuric Records (1996), véritable institution qui vit éclore de sacrées pointures dont Copyright, Hardsoul et même Axwell (qui, le premier, lança l'idée de faire du business autour du MP3). L'histoire unissant le tandem à Defected ne date pas d'hier, puisque c'est sous l'un de ses illustres alias, Soulsearcher, que Marc sortit en 1999 le premier titre relayé par la maison de disques anglaise dirigée depuis sa création par Simon Dunmore, il s'agissait alors du classique "I Can't Get Enough", qui fut d'ailleurs classé n°5 dans les charts en Angleterre.

Depuis leur première collaboration sous le nom de Urban Blues Project avec l'immense "Deliver Me" adoubé par Frankie Knuckles, leur signature soulful exigeante et parfaitement ficelée (grâce à deux parcours complémentaires: Marc comme ingénieur du son et musicien, Brian comme DJ en club) est entrée dans les anales et Defected presents House Masters - Jazz-N-Groove retrace, à travers 30 morceaux anthologiques, l'ampleur de leur carrière. S'y côtoient évidemment les standards cités plus haut, mais aussi l'énorme tube "All I Do" signé sous un autre de leurs pseudos Cleptomaniacs ou le succès "We Can Make It" du projet Moné piloté par Brian. La compilation rassemble aussi une série de remixes remarquables orchestrés sur les thèmes de Loleatta Holloway ("Dreamin"), Donna Allen ("He Is The Joy"), Louie Vega ("Mozalounge") et Shakedown ("At Night").
Bref, un must-have!

lundi 24 avril 2017

Anchorsong - Mother (Single) (Tru Thoughts)

Anchorsong - Mother (Single) (Tru Thoughts)

Le label de Brighton Tru Thoughts nous présente le nouveau single du producteur japonais basé à Londres Anchorsong, extrait de son dernier album Ceremonial (classé numéro 5 au BBC 6Music’s Albums of the Year 2016). En effet après "Expo", "Ceremony" et "Gyotens Kalimba", c'est au tour de "Mother" d'être mis en avant, titre qui pourrait à lui seul exprimer toute la richesse de l'opus, avec ses percussions racées d'inspiration afro, ses échantillons de chants tribaux et sa mélodie accrocheuse caractéristiques de la signature sonore d'un Masaaki Yoshida au sommet de son art.
Le morceau est accompagné d'un inédit tout fraichement sorti du studio, il s'agit de "Slider". Ce dernier affiche une ambiance moins roots et plus atmosphérique que ses précédents travaux, avec son groove entraînant la guitare y joue un rôle prépondérant, à l'instar de la rythmique up-tempo contagieuse animée par des percussions stimulantes et une ligne de basse dodelinante. Nappes de cordes et de synthés habillent le tout avec grâce et élégance, maintenant un climat world radieux et subtil.
Excellent!


4 To The Floor Presents Fourth Floor Records (Defected Records)

4 To The Floor Presents Fourth Floor Records (Defected Records)

Le label new-yorkais fondé par Tommy Musto en 1987, Fourth Floor Records, fleuron de la scène house dans les années 90, a largement contribué à faire émerger les productions pionnières d'artistes de légende tels que Todd Terry alias Black Riot, Arnold Jarvis ou encore Fallout.
Le label affilié à l'anglais Defected, 4 To The Floor, qui nous régalait il y a peu d'un hommage à Movin' Records et qui nous offrait fin 2016 et début 2017 deux compilations très complètes retraçant les 5 années d'activité du label US (Defected Presents 4 To The Floor Volume 01 et Defected Presents 4 To The Floor Volume 02), revient avec 4 To The Floor Presents Fourth Floor Records, une collection de 24 titres soigneusement sélectionnés par Luke Solomon, incluant les succès incontournables de la maison de disques comme "Alright Alright (Club Mix)" de Masters at Work ou "Give Us A Break (Boyee) (Melting Acid Microdub)" de The Break Boys ainsi que quelques Slight Edits récents orchestrés par le maître d'oeuvre en personne, comme son "Organ Grinder Mix" du "Dream On" de Rhythm Faktor ou son "Another Mix" du "Funky Emotions" de Love Root.
Anthologique!


 

El Prevost, Wbeeza, Carl Micheal, Moody Waters & Rob Perry - Novo Bop (No Speakers)

El Prevost, Wbeeza, Carl Micheal, Moody Waters & Rob Perry - Novo Bop (No Speakers)

Le producteur anglais El Prevost nous présente, sur le tout récent label qu'il a fondé en 2016 No Speakers, son nouveau titre baptisé "Novo Bop". Ayant fait ses armes au début des années 2000 dans l'electro underground britannique en côtoyant les piliers de la scène grime dont les pointures Wiley et Flow Dan, il s'est peu à peu orienté vers des sonorités plus techno et house, conforté dans ses choix par les piliers Derrick May, Wally Lopez, Theo Parish, Danny Tenaglia, Chus & Ceballos. Rassemblant dans le catalogue de son No Speakers quelques figures déjà bien installées comme Tigerskin et Doorly, El Prevost y met aussi en avant de nouveaux venus prometteurs. Après "Wise Man" élaboré en Novembre dernier avec Eric Eman Clark, il revient dans une production deep-house suave, hypnotique et accrocheuse, où apparaît une nouvelle fois le slameur D.Ham, déposant ses vocaux spoken words comme en 2013 dans "Allez Ally" . Les reflets soulful ainsi que les percussions de "Novo Bop" rappellent les ambiances afro qu'Osunlade exploite dans son illustre Yoruba Records.

Moody Waters, un de ces nouveaux talents promus par No Speakers, nous livre quant à lui un "remix" très marqué par l'influence de la techno des années 90 et de la house de Chicago.
Le boss de Pfly Music, Warren Brown alias Wbezza, retire dans son "edit" la voix de D.Ham et se focalise sur le beat envoutant d'El Prevost, amplifiant davantage la bass drum et ne gardant que quelques rares accords de piano mis en sourdine. Les percussions sont mises en avant dans une vision dépouillée, respectueuse de l'originale et très réussie.

Vient ensuite le mix "Go With It" de Carl Micheal, l'artiste basé à Manchester nous y livre une vision house up-tempo, solide et dansante suivie, dans la version digitale uniquement, du "bonus mix" de Rob Perry, qui transforme "Novo Bop" en un hymne house vintage et musclé, armé de synthés édifiants et d'une ligne de basse terriblement contagieuse.




vendredi 21 avril 2017

Conner Youngblood Feat. Nylo - Everyday (Counter Records)

Conner Youngblood Feat. Nylo - Everyday (Counter Records)

L'auteur compositeur basé à Nashville Conner Youngblood nous présente via Counter Records (label affilié au géant Ninja Tune) son nouveau titre baptisé "Everyday". Le chanteur multi-instrumentiste texan, largement influencé par les univers d'Elliot Smith, Gorillaz, Sufjan Stevens et Bon Iver, collabore ici avec la jeune chanteuse R&B Nylo, ensemble ils élaborent une chanson d'amour radieuse à la fraicheur touchante et accrocheuse. Cette dernière est habitée des voix éthérées et suaves de nos deux protagonistes, survolant une production R&B-pop-folk gracieuse et sophistiquée, rythmée par les vibrations tranchantes et poignantes d'une marche militaire lente et pacifiste, que l'on pouvait déjà apprécier sur "Australia", livré deux ans plus tôt. Le contraste entre les vocaux et l'instrumentation est saisissant et très efficace! Les arrangements de cordes soigneusement orchestrés et interprétés par Conner (charango, ukulélé à 6 et à 4 cordes, piano...) sont tout simplement magiques et rappellent les sonorités world d'un certain Paul Simon.


Goldfrapp – Silver Eye (Mute Records)

Goldfrapp – Silver Eye (Mute Records)

Alison Glodfrapp et Will Gregory nous reviennent après 4 années d'absence avec un septième opus baptisé Silver Eye, à paraître chez Mute Records. Le duo qu'ils forment depuis leur premier Felt Mountain sorti en 1999, a toujours œuvré au feeling, bifurquant et changeant de directions à chaque nouvelle étape.
Si les ambiances folk ont souvent habité ses titres comme dans le précédent Tales Of Us publié en 2013, Goldfrapp a régulièrement flirté avec la musique électronique. Il en est de nouveau question dans cet objet electro-pop glaçant, aux tonalités sombres, aux sonorités froides et métalliques, comme si les 10 plages de Silver Eye reprenaient là où c'étaient arrêtés Black Cherry en 2003 et Supernature en 2005.
Les instrumentations y sont pour moitié planantes, vaporeuses et lunaires, combinant habilement comme dans "Tigerman", "Faux Suede Drifter", "Zodiac Black" ou "Beast That Never Was", atmosphères ambient et reflets space disco. Ailleurs, les rythmiques y sont plus dansantes et les accents plus acidulés. En effet, les morceaux "Anymore", "Systemagic" ou "Ocean" se font plus urgents, bouillonnants et incantatoires.

Le disque fourmille d’images mystiques et dramatiques de la nature, de visions désolées mais aussi intenses, contemplatives et mystérieuses hantées de personnages fantastiques comme l'homme qui se métamorphose en bête grimpant les collines éclairées par une lune argentée dans "Tigerman" ou les montagnes dotées d'yeux dans "Everything Is Never Enough"...
Bref, une vision mystique et perchée, portée par la voix suave et sensuelle de la sulfureuse Alison, évoluant à grands renforts d'effets sur les productions léchées de Will. En studio et au mixage, le tandem s'est entouré de nouveaux visages, tous plus prestigieux les uns que les autres: le producteur américain John Congleton (Nelly Furtado, Clap Your Hand Say Yeah et Papier Tigre), le compositeur britannique Bobby Krlic alias The Haxan Cloak (Bjork) et de son compatriote Leo Abrahams (Brian Eno, Jarvis Coker, John Hopkins, Paul Simon).

 

jeudi 20 avril 2017

Zepherin Saint - One Sound (Tribe UK)

Zepherin Saint - One Sound (Tribe UK)

Voici le types de sonorités fédératrices et galvanisantes que nous apprécions tout particulièrement en ces temps de morosité et d'incertitude !
Le producteur anglais Zépherin Saint, co-fondateur du label Tribe UK, nous présente son nouveau titre "One Sound", une petite merveille deep-house arborant avec élégance des accents afro et quelques notes jazzy des plus contagieuses. Tribe UK fait figure de pionnier sur la scène afro house avec à son actif plus d'une centaine de publications dont plusieurs sont considérées comme des classiques du genre. "One Sound" est bien parti pour trôner lui aussi parmi les moment afro deep les plus enthousiasmants du moment.
On y retrouve la voix hypnotique du chanteur malien Adama, déjà présent dans l'EP Canima sorti en 2015, mais la production de Zépherin est cette fois-ci nettement plus raffinée et élaborée. Sa ligne de basse hypnotique s'immisce dans une rythmique 4/4 entraînante enrichie de touches cuivrées aux arrangements jazzy, tandis que quelques percussions traditionnelles aux reflets métalliques et des accords de clavier délicats habillent un jeu subtil de marimba.

Penfield - Parallaxi5

Penfield - Parallaxi5 

La formation jazz-prog helvétique nommée Penfield (du nom de ce fameux 'orgue à humeur' décrit dans le roman de Phillip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, adapté au cinema par Ridley Scott dans son mythique Blade Runner) nous présentait le 30 Septembre 2016 son dernier opus baptisé Parallaxi5.
Composé de 8 morceaux flirtant avec le jazz, l'électro et le post-rock, ce disque audacieux, expressif et psychédélique s'inscrit dans la filiation de la période 70's de Roger Waters et de son british Pink Floyd, élaborant la bande-son éclectique d’un long métrage imaginaire, orchestré par les claviers omniprésents (Moog et Rhodes) de Thierry Scherer alias Zed, les solos jazz enthousiasmants du saxophoniste et leader Michael Borcard et le lyrisme accrocheur du guitariste Théo Kummer. Bien sûr, tout ces talents ne sauraient pleinement s'exprimer sans le soutien d'une assise rythmique au groove incandescent, menée par le batteur Mathieu Hay et la bassiste Julien Michel.

La musique qui ressort de ce laboratoire d'expérimentations aux sonorités analogiques vintage est clairement narrative. Modelée par la spontanéité, la virtuosité, la complicité et le savoir lâcher-prise du quintet genevois, elle suscite en nous des images sur lesquelles viennent se caller nos humeurs changeantes, épousant tantôt des ambiances reggae-jazz mélancoliques ("Les Sentiers Goudronnés") et electro-rock vigoureuses ("L'Anonyme"), tantôt des atmosphères jazz-rock sophistiquées ("La Physique Anarchique"), trip-hop ("Hapax 34 002"), space rock ("[Hapax] Rosen") et hip-hop jazzy ("Fashionned Wonderland") avec le concours de MC Xela.

L’aspect visuel est donc une composante essentielle du groupe qui interagit sur scène avec un VJ, histoire de proposer un voyage cosmique des plus immersifs et hypnotiques.
Outre les plages instrumentales inventives et vibrantes qui sans cesse nous font parcourir près de 40 ans d'histoire musicale, il se dégagent de Parallaxi5 un goût particulier pour le verbe et la langue de Molière. Des textes parlés, saisissants et captivants, interprétés par Walter Gallay et Capt. Etc., animent ainsi une oeuvre décalée, attachante et finalement contagieuse!

mercredi 19 avril 2017

4 To The Floor presents Movin’ Records (4 To The Floor)

4 To The Floor presents Movin’ Records (4 To The Floor)

Figure emblématique de la house music new-yorkaise dans les années 80/90, patron d'un magasin de disques et du très respectable label Movin'Records, Abigail Adams a su définir et restituer comme personne le son vibrant et unique du New-Jersey, état des U.S. qui accouchera de quelques pionniers de la scène club tels que Kerri Chandler et Blaze.

Dés son ouverture en 1980, se sont côtoyés dans les rayons de sa petite entreprise basée à East Orange le gratin de la nuit, dont les précurseurs Larry Levan, Timmy Regisford, Danny Krivit ou encore Tony Humphries... Autant d'acteurs majeurs qu'Abigail se devait de fournir en vinyle frais, c'est donc tout naturellement qu'il créera sa propre maison de disques à partir de 1987, pressant des pépites passées à la postérité.

Defected Records est allé nous dénicher ces perles classiques oubliées et nous les présente via son célèbre sous-label 4 To The Floor dans une nouvelle compilation intitulée 4 To The Floor presents Movin’ Records. Sélectionnés par l'incontournable Luke Solomon, les titres de Phase II, 3 A.M., Kamar et Cassio The Cassmaster figurent parmi ceux de Vicky Martin, Jasmine, Boyd Jarvis ou Key Choice... Tous ont passé avec succès l'épreuve du temps affichant une fraîcheur qui fait malheureusement défaut à certaines productions actuelles !



DJ Marky: Influences Vol. 2 (BBE Records)

DJ Marky: Influences Vol. 2 (BBE Records)

Le jeune Dj/producteur originaire de Sao Paulo, Marco Antonio Silva alias DJ Marky, est depuis ses débuts en 1992 reconnu comme l'un des meilleurs artisans d'une drum & bass exigeante et sophistiquée.
Il nous présente via l'excellent label BBE Records le second volet de DJ Marky: Influences, cycle de compilations regroupant une selection de titres emblématiques, caractéristiques d'une large culture musicale habitée de perles classiques extraites de l'âge d'or des scènes disco ("Got To Have Your Love" de Clyde Alexander & Sanction), soul ("Last Night Change It All (I Really Had A Ball)" d'Esther Williams), D&B bien sûr ("Meant Love" d'Influx Datum et "Find Me" de Skanna), mais aussi house ("Rotation" de Dave Angel et "Dream Come True (Joey Negro Reality)" de Brand New Heavies) et jazz ("Jungle Kitten" de Manfredo Fest).


Quelques accents tropicaux pimentent évidemment certains passages de ce beau recueil, comme dans "Karate Samba" de Lars Bartkuhn ou "Ma Foom Bey" de Cultural Vibe, histoire de faire un clin d'œil à ses racines afro-brésiliennes.

Certains se plaisent à dire que Dj Marky est le Gilles Peterson du continent sud-américain et il est vrai que cela se vérifie ici, tant son éclectisme et son enthousiasme sont mis à contribution !




Coldcut x On-U Sound - Outside The Echos Chamber (Ahead Of Our Time)

Coldcut x On-U Sound - Outside The Echos Chamber (Ahead Of Our Time)

En musique, la différence entre être un simple pionnier et une véritable légende, c'est sa capacité à toujours aller de l'avant en cherchant de nouvelles frontières à franchir ou de nouvelles barrières à briser, sans jamais se répéter ou céder aux sirènes du mainstream... Son goût pour l'innovation et la prise de risque ne doit avoir d'égal que sa connaissance et son respect profond pour les classiques qui ont forgés sa culture.
Les immenses Jon More et Matt Black alias Coldcut, tous deux pères fondateurs du mythique label Ninja Tune (Letherette, The Cinematic Orchestra, Sarathy Korwar, Jay Daniel ou encore Mr Scruff, ...) se sont alliés à une autre figure emblématique du son anglais depuis les années 80, Adrian Sherwood, agitateur de curiosité et patriarche de On-U Sound, maison de disques indépendante, activiste dans les milieux reggae, dub, electronica et expérimental.

Cette rencontre au sommet entre ces deux mastodontes se décline en 10 titres racés et brillants (avec en supplément les versions dub de 6 d'entre eux). Coldcut, le précurseur du breakbeat et de l'ambient avec son esthétique hip-hop matinée de grooves proto-acid house, voit en Adrian un véritable mentor à l'empreinte musicale indélébile, cette influence est d'ailleurs plus que notable dans l'album. Outside The Echos Chamber est en effet un reflet éclatant de cette filiation, en plus
d'être un appel militant au melting-pot musical britannique. Enregistré entre Londres, Ramsgate, la Jamaïque et Los Angeles, il rassemble dans une fusion reggae rafraichissante aux sonorités électroniques, hip-hop, dancehall, dub et world, une pléiade d'artistes proches des deux partis en présence. S'y expriment les pointures Roots Manuva, Junior Reid, Ce'Cile, Lee Scratch Perry et Toddla T ainsi que les musiciens Skip McDonald et Doug Wimbish, tous deux membres de Littles Axe, groupe de session qui accompagna jadis les artistes rap du Sugarhill Records.

L'opus paraîtra le 17 Mai prochain sur Ahead of Our Time, tout premier label de Coldcut réactivé il y a peu avec la sortie de son EP Only Heaven.

mardi 18 avril 2017

Claptone - The Drums (Din Daa Daa) feat. George Kranz

Claptone - The Drums (Din Daa Daa) feat. George Kranz 


Le producteur masqué Claptone nous hypnotisait en 2015 avec son premier long format Charmer paru chez Different Recordings et distribué par Pias. Remarqué avant cela pour ses remixes fédérateurs, je pense notamment à "Liquid Spirit" de Gregory Porter et "Omen" de Disclosure, il a su depuis s'imposer comme une signature incontournable de la scène house avec des mixes sophistiqués derrière les platines des plus prestigieux clubs et festivals du monde. Instigateur du désormais célèbre concept de soirées déguisées baptisé The Masquerade - idée qu'il a fort bien su exporter de New York à Barcelone en passant par Berlin et Ibiza - l'allemand nous revenait à point le 15 Mars dernier pour le Miami Music Week (MMW) avec un nouveau titre ou plutôt une nouvelle bombe taillée pour le dancefloor estival, intitulée "The Drums". Le morceau utilise des samples du hit original "Din Daa Daa" de George Kranz sorti en 1984. Claptone s'inspire du creuset post-punk de la fin des années 80 à New-York faisant notamment référence à ce percussionniste et chanteur emblématique et pionnier de la dance music. Il y mélange ainsi de façon habile et diablement efficace ces sonorités accrocheuses datant d'il y a 30 ans, à l'exigence et à la puissance d'un groove plus contemporain, désiré par un public assoiffé de beats toujours plus lourds et de lignes de basse sans cesse plus entêtantes.
La magie Claptone opère à nouveau et ses effets ne sont pas prêts de se dissiper, d'autant plus que l'artiste infatigable vient tout juste de terminer un remix club captivant du titre "We Got The Power Feat. Jehnny Beth" de Gorillaz!

vendredi 14 avril 2017

Moonchild - Cure (Single)(Tru Thoughts)

Moonchild - Cure (Single)(Tru Thoughts)

Tru Thoughts nous présente aujourd'hui une nouvelle perle néo-soul intitulée "Cure" du trio basé à Los Angeles, Moonchild. Cette dernière est extraite de son 3ième album baptisé Voyager, prévu pour le 26 Mai prochain. On y retrouve la voix absolument enivrante de la chanteuse Amber Navran survolant l'orchestration moelleuse et sensuelle de Max Bryk et Andris Mattson, habitée d'accords de claviers vaporeux et de guitares délicates, d'une ligne de basse au groove racoleur et d'une rythmique langoureuse nous invitant à s'allonger. Les versions "instrumental" et "A Cappella" nous permettrons de jauger la qualité de production, ainsi que la finesse d'un chant ensorceleur.





Benji Candelario Feat. Lisa Shaw - You Got Me (Defected)

Benji Candelario Feat. Lisa Shaw - You Got Me (Defected)

L'un des piliers du clubbing new-yorkais depuis près de 20 ans, Benji Candelario - qui nous régalait en Novembre dernier avec le "Thump Mix" de son "Higher" élaboré en collaboration avec l'immense Arnold Jarvis et Nina Lares - nous propose à nouveau de se frotter à sa signature soulful avec une nouvelle pépite house taillée pour la saison estivale qui avance à grands pas, il s'agit de "You Got Me", avec en invitée de marque la diva canadienne Lisa Shaw. Sa voix sensuelle capte l'attention d'un dancefloor soulevé par une production punchy somptueuse et intemporelle. Le producteur nous propose deux versions de son titre: "Groove Rendition" est plutôt diurne et pensée pour animer les heures du jour où la lumière est encore au zénith, tandis que "Late Night Strut" s'adresse davantage aux oiseaux de nuit. Une réussite qui tournera surement à Ibiza, en Croatie ou dans les festivals électro de cet été!

Dem Juju Poets - Liberated Thoughts (Matasuna Records/Kudos Distribution)

Dem Juju Poets - Liberated Thoughts (Matasuna Records/Kudos Distribution)

L'excellent David Hanke alias Renegades of Jazz (que nous découvrions en Décembre 2014 lors de la sortie de Paradise Lost chez Agogo Records) nous présente Liberated Thoughts, premier LP de son nouveau projet baptisé Dem Juju Poets, nouvelle incarnation dédiée aux sonorités afro-groove, que le DJ/producteur allemand annonçait dès 2016 avec la sortie des singles "Woodoo Jazz" et "People's Republic". Tirant son influence majeure des musiques d'Afrique Australe et d'Afrique de l'Est des années 70, il combine cet esprit roots effervescent à des rythmiques modernes bodybuildées et à des instrumentations funk punchy aux reflets cuivrés, largement orientées club. Des titres musclés comme l'ouverture "At The Jubilee Gardens", le premier single "Barbara" ou encore le terrible "Stonedown, Shakedown" sont en effet de véritables petites bombes sonores, gavées d'élan festifs et dansants, plongeant l'auditeur dans la moiteur d'un groove incandescent, inspiré de la black music nord-américaine, mais aussi porté par les percussions et chants traditionnels soutenus par un beat électronique fédérateur.
Ayant élaboré son disque uniquement à base de samples, David réalise une vrai prouesse en y faisant passer une énergie et une chaleur renversante, comme si son Liberated Thoughts avait été capté en live lors de sessions d'enregistrement one-shot par des formations du cru!

jeudi 13 avril 2017

Big Junior - Osiris (Little Lions Records/Musicast)

Big Junior - Osiris (Little Lions Records/Musicast)

Le quartet lyonnais Big Junior nous revient en force avec un second EP détonnant baptisé Osiris. Il succède à son premier Snii, projet autoproduit paru en Février 2016, où la formation posait les bases de son univers musical bariolé, un brin fluo et assurément punchy!
A leur début, Matthieu, Adrien, Johan et Richard ne voulaient rien faire comme les autres et surtout ne pas être rangés dans un carcan, ils ont donc créé leur propre style : la Hip Wave, une contraction habile rassemblant toutes leurs influences, allant du rock à l'électro en passant par le rap français et le hip-hop US. Dans un souci de fédérer au maximum son public, Big Junior a opter pour davantage d'homogénéité, choisissant dans ce nouvel effort de s'orienter vers des sonorités plus pop, avec comme fil conducteur un message positif de fraternité et une invitation manifeste à la danse et au lâcher-prise. Composé de 4 titres festifs bourrés de peps et de fraîcheur, Osiris (dont le son de situe quelque part entre Hot Chip et M83) impose ses mélodies entêtantes solidement armées de rythmiques percussives et avance paisiblement les pions du groupe vers une reconnaissance qui ne saurait trop tarder!

 
 

mercredi 12 avril 2017

Tha Trickaz - Cloud City (Otodayo)

Tha Trickaz - Cloud City (Otodayo)

Tha Trickaz, milite sur la scène trap depuis déjà plus de 10 ans, il nous offre gracieusement un troisième opus de 12 titres barrés, baptisé Cloud City. Ce dernier nous est proposé via son propre label Otodayo, plateforme collective reposant sur le principe du partage et de la gratuité. Six ans après Cloud Adventure, les français Pho et Dj iRaize remettent le couvert en imposant à nouveau leur griffe electro bourrée d'accents fulgurants bass music et hip-hop futuriste, imprégnée effluves asiatiques et orientales, rehaussée d'orchestrations épiques et d'expérimentations rythmiques (futur beats) bourrées d'énergie. Enregistrant près de 250 dates dans le monde lors des 5 dernières années, le duo masqué a rempilé pour une nouvelle tournée internationale débutée en Décembre dernier.

Lucille Crew - Respect The Dawn

Lucille Crew - Respect The Dawn

Le collectif basé à Tel Aviv Lucille Crew nous revient avec un nouvel EP baptisé Respect The Dawn, introduit par deux singles emblématiques d'une mixité musicale singulière, affirmée et atypique. Remarquée en 2014 grâce à son premier opus Lucille, la formation comptant plus d'une dizaine de membres impose une présence détonante sur scène. Mené par le producteur Izzy et le batteur Yossi Adi, tous deux épaulés par Joel Covington alias MC Rebel SunLucille Crew est animé par un groove urbain chaud et accrocheurmêlant habilement sonorités hip-hop, funk, soul et bass music, le tout enrichi de cuivres énergiques, de lignes de basse assassines et de riffs de guitare rock. Outre le flow racé du pieux rappeur natif de Baltimore, on remarque la voix soul de la chanteuse versatile Gal de Paz, dont le timbre se situe quelque part entre la française Jain et l'anglaise Harleighblu, elle donne un relief particulier au premier single "Something" et à sa prod implacable.
L'EP annonce d'entrée la couleur avec l'urgent "Made in Here" et ses reflets trap/grime, tandis que "Make Room" et le sombre "Mad Man" lui emboitent le pas, ce dernier affichant clairement des accents krump marqués par les interventions punchy de la section cuivre. Le second single "I Got It" prend les 4 autres titres de Respect The Dawn à contre pied, présentant une ambiance hip-hop bien plus radieuse, optimiste et légère. La basse et la guitare se font plus funky, les voix sont plus apaisées et suaves... Bref, un son envoutant et moins incisif.

mardi 11 avril 2017

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Le bassiste parisien Christophe Wallemme a rassemblé, dans son dernier opus baptisé Ôm Project, le gratin du jazz hexagonal voire européen!
En effet, aux côtés de l'emblématique guitariste Manu Codjia se côtoit un casting de haut vol animé par le pianiste néerlandais Diederick Wissels (piano et Fender Rhodes), le percussionniste Prabhu Édouard (tablas), le batteur Pierre Alain Tocanier, le saxophoniste Émile Parisien (soprano, ténor), la chanteuse Isabel Sorling et le magicien trompettiste Ibrahim Maalouf.

Avec autant d'énergies, de parcours et d'horizons différents, l'album ne pouvait qu'être surprenant, hétéroclite et d'une grande élégance. Aventurier infatigable aux multiples facettes, Christophe a voulu, à travers 10 compositions et une reprise d'Elliott Smith ("Between The Bars"), se replonger dans les sonorités jazz et rock des années 70 qu'il affectionne tant et qui ont imprégnées un répertoire musical déjà largement marqué, dès son enfance, par des séjours prolongés au Liban et surtout en Inde. C'est précisément cette destination qui teintera profondément sa musique, on se souvient d'ailleurs de son disque, Namaste, paru en 2006 chez Bee Jazz.

Co-fondateur du trio Prysm avec Pierre de Bethmann et Benjamin Henocq, où il élabore un language autour des rythmes asymétriques, il participe également aux formations et aux albums de Jean-Pierre Como, Louis Winsberg, Sylvain Beuf ou Daniel Mille. La mixité des genres a donc toujours été présente dans son écriture et son jeu, peu étonnant que ce dernier Ôm Project en soit un nouveau reflet!
Alternant les ambiances jazz fusion qui nous rappellent ici celles de John Scofield (avec le bluesy "Back To My Ôm") ou de Weather Report ("Charly") et là celles de Miles Davis ("Rock My Home"), Christophe et sa formation prennent aussi le temps de faire quelques pauses, développant un jazz plus doux et atmosphérique, où les températures nordiques mettent en valeur le timbre vibrant et hypnotique de la sirène folk suédoise, Isabel Sorling ("Kaya" ou "Epic Love").
Dans "Le Temps Présent" et "Un Rêve de Cochin", deux autres de ces temps calmes voluptueux où brille Diederick, s'exprime avec une grâce touchante un jazz smooth, acoustique et radieux qui tranche avec "Ma Kali", "Opus 5" et "Flashback" où résonnent les décharges saturées de la guitare de Codjia. Le groove puissant et massif de Wallemme y occupe une place centrale, ses lignes de basse indéboulonnables répartissent les rôles de chacun, s'appuyant sur la précision millimétrée de Pierre Alain et Prabhu (aux tablas), pour laisser virevolter les notes incisives des saxophones.

L'album est conçu comme un voyage, un périple faisant flotter l'auditeur aussi bien dans le temps que dans l'espace, l'invitant à gouter ses saveurs world aux reflets indiens, orientaux et parfois même klezmer.

« La difficulté a été pour moi de composer en tenant compte de toutes mes inspirations, sans tomber dans un patchwork de style »... Mission réussie.



 

lundi 10 avril 2017

Chinese Man - Shikantaza (Chinese Man Records)

Chinese Man - Shikantaza (Chinese Man Records)

Paru le 03 Février dernier, Shikantaza est le nouvel opus du collectif aixois Chinese Man, il succède à Journey publié il ya 2 ans, en collaboration avec le rappeur sud-africain Tumi. Ses membres historiques, les DJs turntablist Zé Matéo, High Ku et le beatmaker Sly (également fondateur du label Chinese Man Records), y reprennent à travers 16 titres hybrides au groove fédérateur, les sonorités hip-hop old school, reggae/dub et 70's de leurs débuts, mais cette fois-ci poussent plus avant leurs aventures sonores en Asie et notamment en Inde. Passés maîtres en découpage d'échantillons improbables et en construction de rythmiques incisives, ils élaborent des mélodies toujours plus accrocheuses voire hypnotiques, largement colorées de notes world. Les voix soul et sensuelles des chanteuses Kendra Morris et Mariama sont accompagnées du flow saisissant d'une pléiade de MCs de haut vol, comme celui de Taïwan MC ou de Dillon Cooper, en passant par A-F-R-O, ASM, R.A. The Rugged Man et Youthstar. Cette conjonction de talents ne peut qu'étoffer l'univers electro singulier et positif d'un Chinese Man arrivé à maturité qui, loin d'"être assis sans rien faire" (comme l'évoque le titre japonais du disque traduit en français), est devenu en plus de 10 ans d'existence une véritable institution dans le paysage hip-hop hexagonale et même au-delà, avec un rayonnement international grandissant.

vendredi 7 avril 2017

Vitalic - Voyager (Citizen Records/Caroline International)

Vitalic - Voyager (Citizen Records/Caroline International)

Un seul coup d'œil à la pochette rétro-futuriste de Voyager suffit à nous renseigner sur l'univers sonore qu'a voulu y élaborer Pascal Arbez-Nicolas alias Vitalic, s'efforçant comme à chaque nouvel effort depuis son début fulgurant en 2001 avec l'EP Poney, de repousser les limites d'un genre musical pourtant déjà bien éprouvé, souvent décrié, mésestimé et malaimé.
Après une petite traversée du désert et quelques déconvenues avec son précédent Rave Age, paraissait le 20 Janvier dernier sur son propre label Citizen Records (Lady B, Teenage Bad Girl, Arnaud Rebotini, John Lord Fonda, Sad Mafioso, Juan Trip, The Micronauts, ...) ce quatrième opus, que l'intéressé considère comme le plus disco de sa carrière.
Véritable poids lourd de l'industrie du disque, actif depuis une bonne quinzaine d'années sur la scène électronique française, Vitalic a pris deux ans pour faire murir ce dernier projet et sa patience aura été payante, puisque qu'il accouche de 10 titres réussis, transpirant la musique électronique des années 70 et la disco cosmique de la décennie suivante. Moroder, Carpenter et Cerrone nous viennent forcément à l'esprit, puis les suivent de très près ceux, plus récents, de la team de l'écurie américaine Italian Do It Better, je pense notamment à Chromatics ou Glass Candy.
Des noms comme
L'odyssée spatiale de Pascal, largement dominée par des synthétiseurs analogiques mis au pas sur des rythmiques dansantes, allie adroitement les sonorités vintage italo-disco à une synth-pop musclée plus actuelle. Et quand les voix entêtantes de David Shaw And The Beat, Miss Kittin, Mark Kerr, Tristan Stanburry et Benna MacQuarrie se font entendre, alors la recette s'ajuste à merveille, équilibrant idéalement les trois points forts de l'artiste: son grain de folie, son goût pour les mélodies accrocheuses et ses visées sur le dancefloor.